Couleurs d’automne
Des images, accompagnées de quelques textes :
J’aime tellement cette période (trop courte) de couleurs, de feuilles qui tombent en virevoltant, de fraîcheur… Que je marche dans mon quartier ou que je pédale à travers la ville pour aller donner mes cours, j’ouvre grand les yeux, attentive à toute cette beauté très éphémère. La lumière change, elle aussi. Elle se fait plus chaude, enveloppante et douce, comme pour contrer le froid qui s’installe doucement.
L’automne se dévoile par petits bouts, timidement. Il se cache, il minaude, il se fait désirer. On l’espère et on le traque, griserie de couleurs avant le gris de novembre et le blanc de l’hiver. Tout là-haut, de grands V tracent la route du sud sur la carte mouvante du ciel et, ici-bas, des bruissements dans les herbes et les branches sont le prélude à l’apparition, parfois brève, de petites boules de plumes affairées. Chez moi, la souris est de retour dans les murs et ses trottinements me réveillent en plein milieu de la nuit.
Chaque année, j’écoute la chute des feuilles. J’aime cette pluie lumineuse qui fait du bien à l’âme, la danse légère de ces feuilles pas encore tout à fait mortes, qui célèbre la vie et la beauté. J’aime le tapis coloré qui recouvre ensuite le sol, la brillance des gouttes de vraie pluie sur les ocres de plus en plus foncés, l’odeur de décomposition avant l’hiver, les premiers flocons si blancs qui finissent par venir recouvrir le tout, avec, toujours, l’espoir d’une renaissance au prochain printemps.
J’admire tout le courage et le lâcher-prise de la nature, symbolisés par ces feuilles prêtes à se laisser aller pour danser, danser, danser jusqu’à la mort finale inéluctable, au milieu de toutes leurs sœurs qui les ont précédées dans ce ballet saisonnier. Ce souffle en est bien un de vie, malgré les apparences, et je savoure la valse lente de ces morceaux de lumière dans le théâtre du sous-bois. Par endroits, mon regard croise celui d’un des Veilleurs millénaires, témoins du temps et de la démesure de l’infini, de l’univers et des êtres qui le peuplent.
Cette année, pour moi, l’automne est surtout pastel, flou et poétique. Ce sont des petits riens qui se révèlent à moi alors que je marche au hasard, sans attente. Comme si les veilleurs guidaient mon regard et mes pas. Je me nourris de ces instants captés au petit bonheur, des bruits de la forêt, des lumières et des odeurs. Dans ma tête, les personnages sur lesquels je (re)travaille actuellement se retirent doucement, me laissant profiter du soleil et d’un moment de tranquillité. Ils reviendront ce soir… (je suis plongée dans la réécriture de mon 5e roman)