Ce texte est en grande partie inspiré de faits réels. Tous ceux qui me connaissent un tant soit peu savent que les insomnies font parfois partie de mes nuits…
Le décor ressemble également à la réalité (cliquez pour aller voir l'arbre dont il est question),  Cependant je ne crois pas avoir, contrairement à mon personnage, perdu mon regard d’enfant ni ma faculté d’émerveillement...
  & Nnuméro 1 de la revue bordelaise Bastet - janvier 2004
& Revue québécoise de l'UQAM, Possibles - volume 29, numéro 1 - Hiver 2005
& Revue électronique Écrits... Vains? - sélection de janvier 2005
C 3e accessit en section "contes" - concours littéraire international 2004 rts et Lettres de France
J Fait partie de mon spectacle de contes, et disponible pour écoute !

 

Les yeux grand ouverts, fixés au plafond gris de la chambre, elle attendait, totalement immobile. Elle attendait le sommeil, ce compagnon nécessaire et indispensable mais qui la fuyait depuis quelques temps. Pourquoi ? Elle n'en savait rien. Et peu importait finalement. La fenêtre nue, sans rideaux ni stores, laissait passer la pâle lumière de la nuit. Car la nuit n'est pas noire lorsqu'on habite en ville. Il y a souvent ce halo jaunâtre né de la pollution. Les lumières de la ville ne s'éteignent jamais non plus. Elle était bien placée pour le savoir. Elle avait eu tout le temps de s'en apercevoir, récemment. 
La forme sombre, blottie sous la couette à ses côtés bougea, se retourna. Elle lui jeta un coup d'œil, vérifiant qu'il ne s'était pas réveillé. Pas la peine de partager cette galère. 
Finalement, lasse d'attendre en vain, elle se leva. Avec précautions. Sans faire le moindre bruit. Non pas qu'elle risquât beaucoup de le réveiller… elle enviait sa faculté de s'endormir avec tant d'aisance, quel que soit l'endroit ! Elle s'emmitoufla dans son chandail, trop grand pour elle, et tout déformé. Elle passa à la salle de bain. Puis elle se rendit au salon. Elle alluma l'ordinateur, confident improvisé, ouvrit une page blanche et attendit. Cette fois elle n'attendit pas longtemps. Elle se mit à écrire. 
Peut-être juste pour s'occuper, passer le temps. Se fatiguer ? On peut toujours rêver. 

Les minutes s'égrenèrent. Lentement. Elle perdit la notion du temps. Elle ferma les yeux. Lorsqu'elle les rouvrit, elle dut cligner des paupières pour se convaincre de ce qu'elle voyait. Était-elle en train de rêver ? Avait-elle finalement succombé à l'appel des bras de Morphée ? A ses côtés une petite fille était assise, droite sur sa chaise, silencieuse mais souriante. 

...

Montréal,
Le 06 décembre 2002

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NB : Le fond d'écran est une reproduction d'une peinture au couteau de Chantal Turconi