& Publiée dans le numéro 22 de décembre 2003 de la revue Les Chemins de Traverse
Il était une fois une petite fille très timide, qui passait la majeure partie de sa vie dans un monde imaginaire, un monde qu'elle s'était créé, inventant des décors et des personnages tous plus fous les uns que les autres. Si elle avait choisi de s'isoler ainsi, c'était parce qu'elle n'était pas très heureuse. Ses parents étaient en permanence bien trop occupés avec leurs occupations d'adultes pour s'intéresser à elle comme elle l'aurait tant désiré, et elle n'avait ni frère ni sœur pour partager ses jeux. Alors plutôt que de s'ennuyer toute triste dans sa chambre, le nez collé à sa vitre à contempler les toits de la ville comme elle avait pris l'habitude de le faire, elle avait décidée un jour de s'évader. Après tout peu importait quel sorte d'amis elle pouvait avoir, du moment qu'elle en avait ! C'est ainsi qu'était apparu son nouveau monde.
Un matin qu'elle discutait silencieusement avec Pat, son copain imaginaire, un garçon débrouillard et moqueur qui amenait la joie dans son univers fabuleux, une chose étrange se produisit, sans qu'elle comprenne trop comment : Pat se matérialisa devant elle et la poussa gaiement vers la fenêtre de la pièce, qu'il ouvrit. Elle sentait la pression de sa main sur la sienne, elle pouvait voir toutes les nuances de son regard vert… Avec un grand sourire, il l'entraîna dans une folle équipée sur les toits et les cheminées, sous le regard complice de la lune. Car il faisait nuit maintenant. Étrange… La petite fille se sentit soudain libre, libre, libre… elle avait l'impression de voler, portée par le vent ! Son rire cristallin remplissait l'air, son regard s'illuminait… puis une grosse voix étonnée rompit le charme par un "Mademoiselle, que vous arrive-t-il donc ?". La petite fille redescendit subitement sur terre, bascula à nouveau dans le monde réel. La salle de classe, Madame Rousseau, les autres élèves… Pourquoi n'avait-elle pu rester la-haut avec Pat ? Elle avait été si près de toucher les étoiles !
Ses yeux s'embuèrent, elle ferma les paupières et s'abandonna au chagrin. Personne ne comprenait. Était-elle folle ?
...
Montréal,
le 28 Novembre 2002
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