NB : Le fond d'écran est une reproduction d'un dessin de Chantal Turconi.

 

Un jour je me suis amusée à improviser une histoire à partir de quelques mots "clés", ces mots étant : un nuage, une rose et une ficelle… 
Pourquoi ces mots précisément ? Je n'en ai pas la moindre idée, ce sont les premiers qui me sont venus à l'esprit ce soir-là ! 
Voilà ce que ce petit exercice a donné :

"Il était une fois un petit nuage blanc, tout seul dans le grand ciel bleu, tout triste dans son coin. Il en avait marre d'être blanc, presque transparent parfois. Il avait envie d'un peu de fantaisie, de couleur, de gaieté. Un jour qu'il survolait la Terre du côté de Montréal, regardant distraitement ce qui s'y passait, son regard fut attiré par quelque chose de merveilleux, d'un éclat rare. Il descendit vers cette lumière, encore, encore plus près et vit une rose rouge. Ce n'était pas celle du Petit Prince, mais sa beauté en était comparable. Notre petit nuage tomba sous le charme immédiatement. 
Il rassembla tout son courage et lui parla :

- Bonjour jolie rose ! Tu as déjà dû l'entendre bon nombre de fois, mais je ne peux pas ne pas te le dire : tu es tellement belle que je n'ai jamais rien vu de tel sur cette terre…

La rose frémit de plaisir et mit à profit un léger souffle de vent chaud pour se tourner gracieusement vers le nuage. Le soleil faisait luire les reflets grenat de ses pétales délicats, sublimant sa beauté.

- Gentil petit nuage, je te remercie du compliment. Mais - et la mélancolie remplit le cœur de la fleur - à quoi me sert cette apparence ? Je ne peux pas bouger, je ne peux qu'attendre de faner. J'aimerais tant voyager comme toi au gré des vents, voir du pays, découvrir le vaste monde ! 
Comme tu as de la chance, soupira-t-elle.

Le petit nuage se sentit tout à coup honteux de sa propre tristesse. Puis soudain il eut une idée !

- Jolie rose, voudrais-tu m'accompagner dans mes pérégrinations et égayer ainsi mon univers par ta présence et ta couleur ?

La rose le regarda, les yeux remplis d'espoir, mais légèrement sceptique.

- Comment le pourrais-je ?

- Avec moi tu auras toujours du soleil pour te chauffer, de l'eau de pluie pour t'abreuver. Jamais tu ne flétriras… Je prendrai bien soin de toi, répondit le petit nuage. 

La rose sourit alors et acquiesça. 
Le petit nuage attrapa une liane de lierre sur un mur, celui qui entourait - emprisonnait - le jardin dans lequel se trouvait la rose. Il en fit une ficelle avec laquelle il arrima précautionneusement la fleur sur son dos. 

- Et voilà, comme ça le vent ne pourra t'arracher à moi !

La rose était toute excitée, enfin elle allait réaliser son rêve et découvrir le monde ! Le petit nuage, lui, ne se sentait plus de joie et de bonheur. Il n'était plus tout a fait blanc !
Tous deux s'envolèrent alors doucement dans la douce brise d'été et partirent ainsi à l'aventure..."

Alors si un jour en levant les yeux au ciel vous avez l'impression étrange d'apercevoir un petit nuage blanc et rouge, repensez à mon histoire et dites-vous bien que vous ne rêvez pas…


Montréal, octobre 2002

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