Voici donc le récit de mes aventures, à travers les articles que j'ai publiés pour les Newsletters du club TELI, une association de voyageurs (TELI = Travail, Etudes, Loisirs Internationaux), le magazine L'Étudiant Voyageur de l'agence Voyages Campus ou encore le magazine en ligne Bonjour Voyage. Laissez-vous transporter au pays d'Oz !
Je vous invite également à aller consulter le mémoire écrit lors de ce séjour (en anglais) : une réflexion sur le tourisme culturel aborigène, et cela vous donnera donc une idée de ce que j'ai vécu la-bas, dans le "never never land".
Ma traversée de l'Australie.
Je me suis envolée de France (mon pays d'origine) vers le pays d'Oz à la fin de l'été 2000, pour cinq semaines de vacances inoubliables. Sur un coup de tête, un coup de cœur. Je voulais voir à quoi ressemblait cette île-continent.
J'en ai effectué la traversée, du Nord au Sud, de Darwin à Adelaïde, en passant par son cœur palpitant. Je suis partie de Darwin avec les bus Greyhound Pioneer, pour 20 heures de trajet vers le Centre Rouge. Trajet ponctué d'arrêts dans des petites villes comme Tennant Creek ou des stations services isolées (parfois très très isolées !) au bord de la Stuart Highway, la seule route goudronnée qui traverse le pays dans sa largeur. C'est impressionnant de rentrer ainsi dans le désert et de prendre enfin la mesure de ces distances énormes, presque infinies... Tout paraît plus vaste ici. Et les couleurs sont magiques. Couchers de soleil sur le désert rouge, nuages de poussière qui déforment le paysage, gommiers fantômes qui dressent leurs silhouettes pâles vers le ciel…
Le trajet en bus est une expérience particulière, pour la diversité des gens qui l'utilisent d'une part, mais aussi et surtout pour la conduite originale des chauffeurs, dûe aux kangourous (véritables fléaux dans le bush) qui les obligent constamment à freiner ou faire de brusques écarts pour ne pas les écraser… impressionnant, et de jour on peut d'ailleurs voir sur le bas-côté les corps de ces animaux gisant dans la poussière. Moralité : il est plus sûr de rouler à la lumière du soleil!
Je suis restée une semaine dans le Centre Rouge, aux alentours d'Alice Springs, la ville du désert. Avec d'autres "backpackers" de différentes nationalités (Australiens, Canadiens, Britanniques, Allemands...) et sous la houlette d'un guide local, j'ai découvert la région en camping. Ne pas oublier l'écran total (40/45° le jour) et le pull (4/5° la nuit) ! Je conseille à tous de dormir au moins une nuit à la belle étoile au milieu du bush, c'est magique : le ciel est si vaste, les milliers d'étoiles semblent à portée de bras... envoûtant ! Bien sûr j'ai vu tous les endroits touristiques "classiques", comme Ayers Rock et les Monts Olgas (2 sites sacrés aborigènes, alors respectez leurs croyances !), ou encore Kings Canyon, qui sont tous magnifiques et incroyables. Mais j'ai aussi découvert d'autres endroits peut-être moins connus mais tout aussi beaux, notamment les Western Mac Donnell Ranges, une chaîne de montagnes ocres de toute beauté qui se dresse dans le désert, ou encore Palm Valley (accessible uniquement en 4x4 ou à pieds) et ses Cycas, ces palmiers uniques au monde, reste de la forêt tropicale qui recouvrait l'Australie il y a des millions d'années. Il y a eu aussi cette nuit dans une communauté aborigène.
J'adore ce désert infini, aux paysages multiples et hallucinants, surprenants et envoûtants, où le bleu intense du ciel contraste avec les couleurs de feu du minéral. C'est magique ! Là-bas, on se sent complètement, totalement, libre...
Puis, après une soirée et une nuit chez l'habitant (en l'occurrence le guide, très sympa), j'ai repris le bus vers Adélaïde, via Coober Pedy. A nouveau 20 heures de trajet ! Mais ce n'est pas cher et c'est une expérience inoubliable. Plus on descend vers le Sud, plus les couleurs du désert pâlissent. Les couchers de soleil sont splendides ! Coober Pedy est un arrêt obligatoire, ne serait-ce que quelques heures pour s'imprégner de son atmosphère si particulière. C'est une ville d'un autre temps, ville d'aventuriers un peu fous, chercheurs d'opales passionnés et souvent complètement désillusionnés. Ici ne vous écartez pas de la ville car le bush est un véritable gruyère, plein de trous de forage !
Le reste du trajet est assez flou, j'étais crevée, je somnolais. Arrivée à Adélaïde vers 6 heures du matin, mais les terminaux sont équipés de douches, tout va bien ! Je n'y ai passé qu'une journée, c'est une ville agréable qui mélange bâtiments modernes et anciens (dans le plus pur style british). C'est aussi la ville des églises : baptistes, anglicanes, orthodoxes... il y en a partout ! Puis j'ai pris l'avion pour Sydney pour les J.O. Là j'étais logée en banlieue sud, chez de très lointains parents que je n'avais jamais vus, mais qui m'ont accueillie à bras ouverts. Je me suis gavée de sports (je suis fan de hand et d'équitation), j'ai fait plein de rencontres, ce qui m'a permis de m'incruster partout ! Bref, 15 jours de détente dans une ville où la mer s'infiltre partout, les parcs et les plages sont très agréables, les animations quotidiennes (quartier historique des Rocks, Kings Cross, etc.).
J'ai terminé mon périple par quelques jours à Cairns dans le Queensland. Juste le temps de découvrir la grande barrière de corail, ses îlots enchanteurs et la forêt tropicale des terres.
Je suis tombée amoureuse de ce pays envoûtant, extraordinaire, à découvrir. Ses habitants sont chaleureux et communicatifs, ses paysages hallucinatoires. Au point que j'y suis retournée deux ans plus tard pour 6 mois de " work experience " en terres aborigènes… mais c'est une autre histoire !
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Stage dans les Kimberley et la Terre d'Arnhem
G'Day, mates ! (salut typiquement aussie)
Je suis repartie au pays d'Oz en 2002, après une traversée de cette île-continent en 2000, mais pour 6 mois de " work experience " cette fois-ci, autrement dit une immersion dans le milieu du travail dans le secteur du tourisme. J'ai donc effectué 2 stages dans le cadre d'une formation supérieure en tourisme.
Ainsi, après beaucoup de recherches sur le Net et un échange de correspondance électronique plus poussé avec quelques entreprises susceptibles de me prendre pour quelques mois, et ce afin de détailler plus en profondeur mes attentes et les leurs, j'ai porté mon choix sur Kimberley Wilderness Adventures, détenu à 60% par la Fondation Aborigène Wunan de Kununurra dans les Kimberley, Western Australia, puis le Bodeidei Camp de François Giner en Terre d'Arnhem, Northern Territory. Je devais rédiger un mémoire pour mes études, le thème que j'avais choisi étant le tourisme culturel aborigène en Australie.
J'ai donc passé 4 mois chez KWA, à travers une région très sauvage et méconnue mais dont je recommande la découverte à tous les amoureux de la nature. Neil McGilp, le directeur du marketing, également fondateur de la boîte et détenteur de 40% des parts, m'a donné ma chance. Il m'avait concocté un programme alléchant : travail en agence à Broome au bord de l'Océan Indien pour commencer, puis installation des camps permanents à travers la région, participation à la formation de l'équipe 2002, Camp Host dans l'un des camps en terre aborigène (accueil des touristes, cuisine, fonctionnement du camp), travail au dépôt et dans les bureaux principaux à Kununurra, et enfin ce qui me plaisait vraiment, à savoir guide stagiaire en tours.
Tout le monde m'a fait confiance dès le début et tout s'est très bien passé. J'ai ainsi eu l'opportunité de découvrir une région étonnante, luxuriante et sauvage, tout en m'immergeant dans un monde à part, au contact de gens extrêmement différents.
J'ai quitté les Kimberley fin juin pour me rendre dans le Northern Territory, en plein milieu de la Terre d'Arnhem, pour rejoindre le Bodeidei Camp, un camp unique en son genre.
Arnhem Land est un vaste territoire aborigène tout au nord de l'état, une Terre aborigène pour l'accès de laquelle les Blancs ont besoin de permis. Le camp est situé en plein milieu, à plus de 300 km de Katherine, la ville la plus proche (qui, elle, est sur la Stuart Highway, à 3 ou 4 heures de route de Darwin). Il accueillir les touristes afin de leur faire découvrir cette région et leur donner un aperçu sans fioritures de la vie actuelle des aborigènes en Australie. Ce camp a été construit par François Giner, un baroudeur français qui s'est installé là il y a 14 ans, grâce à son amitié avec George, un Ancien de la communauté aborigène voisine de Weemol. Car le camp a toute une histoire, histoire d'une amitié qui remonte à cette rencontre entre François et George. Il a fallu du temps pour que la confiance s'installe entre ce Blanc têtu et l'Ancien, avant qu'ils ne deviennent " frères " (balang). François a bâti le camp de ses mains, avec l'accord de George, ses amis aborigènes ont fait des peintures pour le décorer… et les touristes ont maintenant un pied à terre magnifique en plein cœur du bush ! François travaille beaucoup sur le marché français, en collaboration avec son partenaire Asia, mais s'ouvre également petit à petit au marché australien. Ce qui est à mon avis une très bonne chose, les australiens ayant vraiment besoin de re-découvrir la vie des premiers habitants de " leur " pays et de constater tous les dégâts causés par le choc culturel imposé aux Aborigènes par l'arrivée des premiers Blancs en 1770.
J'ai passé là-bas 2 mois formidables. Pour vous donner une idée (probablement imparfaite) du contexte, Arnhem Land est donc une région très reculée, d'accès limité, au milieu du bush. Venir ici au Bodeidei, c'était vraiment toucher du doigt toute la complexité du problème aborigène en Australie. Les aborigènes ont la plus vieille histoire vivante au monde (leurs origines remontent à 50 000, peut-être 70 000 ans) mais aujourd'hui leur culture se meurt. Car les Blancs ont tout changé. En débarquant en 1770 ils ont décrété le continent " terra nullius ", n'appartenant à personne (!) et ont dépossédé les aborigènes de leurs terres. Massacres, viols, enfants arrachés à leurs familles… ce n'est malheureusement pas la première fois dans l'Histoire. Il a fallu attendre 1967 pour que les aborigènes soient reconnus citoyens du pays (ce qui n'a pas toujours été une chose positive dans la réalité, cette citoyenneté leur ayant ouvert l'accès à des allocations gouvernementales qui " tombaient du ciel " sans rien faire pour ça, ainsi que le droit d'aller dans les pubs légalement par exemple). Certaines terres ont commencé à leur être rendues à partir de 1976, mais il a fallu attendre 1992 pour qu'ils soient reconnus propriétaires de leurs terres avant l'annexion ! Bref, les aborigènes ont pris de plein fouet 50 000 ans d'évolution et on leur demande de s'adapter, sans prendre en compte le fait que leur façon de voir le monde est très différente de la notre… Il y a une incompréhension flagrante entre ces 2 monde, un fossé qui ressemble à un gouffre ! Pourtant on aurait beaucoup à apprendre d'eux…
Le Bodeidei Camp permet aux gens de vivre une expérience unique en Australie : rencontrer les aborigènes, partager des moments avec eux, parler avec George (sa première rencontre avec les Blancs vers 1950, son travail en échange de farine, tabac ou sucre dans les cattle stations, l'alcool… puis le retour sur la terre de ses ancêtres pour y vivre de manière traditionnelle, dans la mesure du possible), partager un peu de ses croyances… ce n'est plus vraiment du tourisme !! Mais une découverte d'un autre monde. François est un type passionné (et passionnant), qui ne se lasse pas de parler du bush et de ses amis aborigènes, des problèmes qu'ils rencontrent de nos jours, de l'inefficacité des initiatives du gouvernement… Il est urgent de se rendre compte que leur culture millénaire se meurt, que les enfants sont coupés de leurs racines sans être non plus intégrés dans notre monde moderne, que l'alcool, le diabète et le cholestérol les tuent à petit feu…
Mais c'était aussi l'occasion pour les touristes de découvrir une région très particulière, d'admirer une nature intacte et splendide : l'escarpement de Cotpela dominant le bush, les gorges de Kliklimara (notre " piscine " privée)… un séjour court (4 jours/3nuits), mais inoubliable…
Et quand on voit les enfants, si plein de vie, intelligents et malicieux, et leur connaissance du bush impressionnante pour nous autres Blancs, on a envie d'y croire. Croire qu'ils auront un avenir… En tout cas j'admire François de se battre pour eux, années après années, à sa manière.
Etre là-bas et partager ces moments avec George et Maguy, June et Philip, les enfants Junior/Wamut, Kelly/Kojok, Serena, Terena, Balamina et les autres était un privilège et une grande joie… j'ai passé des moments fabuleux, avec les gamins, en tour, au camp, et d'autres moins je dois l'avouer (fatigue, boulot parfois répétitif et pas très drôle), mais dans l'ensemble cette expérience m'a apporté beaucoup. Je suis amoureuse du bush, de ses paysages uniques, ses couleurs magiques, les grands espaces… je me suis attachée aux enfants aborigènes, j'ai rencontré des gens à part qui s'impliquent à leur façon, bref, je n'étais plus tout à fait la même en rentrant chez moi. Plus riche de sensations et d'émotions fortes…
Le retour à la " civilisation " après des mois dans le bush a été un peu difficile. Oublier les grands espaces et le calme du bush noyé de poussière et de soleil, pour se replonger dans la vie trépidante de la ville (en l'occurrence Montréal)… dur!
Mais je ne regrette rien, et si je le peux, je repartirai là-bas à la première occasion.
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